& les Chroniques
Express
LANE
"A Shiny Day"

"A Shiny Day"
DATES | Sorti le 8 mars 2019 | Publié le lundi 18 mars 2019
POURQUOI | Les Thugs
ET ALORS | Forcément, quand on a été marqué à vie (et profondément) par la formidable discographie des Thugs, groupe français mythique des années 90, apprendre que le premier album de Love And Noise Experiment, résumé en LANE, est le nouveau combo des frères Sourice, Pierre-Yves et Éric, accompagnés de Camille et Etienne Belin, de Daria, et du fils de Pierre-Yves, Félix, notre sang ne peut faire qu'un tour, et notre cerveau s'affoler. Avec une petite angoisse quand même : vingt ans après la fin des Thugs, LANE sera-t-il à la hauteur ? Soulagement, et enthousiasme : même voix fragile, mêmes choeurs whooo-hou, mêmes guitares tendues à l'extrême, même basse chantante, même énergie rageuse, même émotion à fleur de peau… LANE réussit le tour de force de ne pas nous donner envie de réécouter les Thugs (on n'avait jamais arrêté), au profit d'un groupe formidable et d'un album bouleversant.
CONNEXE | Années 90

Iv/An
"Somewhere There's a Hunger Strike"

"Somewhere There's a Hunger Strike"
DATES | Sorti le 2 février 2019 | Publié le mardi 12 mars 2019
ET ALORS | "Somewhere There's a Hunger Strike" fait suite à l’album "Comforts of the Future" publié l’année dernière sur le label Tonn Recordings. Son auteur, Ivan Antunović, est un designer graphique doublé d’un musicien inspiré par la rigueur minimaliste des pionniers John Foxx, Blancmange et Portion Control. La qualité mélodique de ses compositions est soutenue par des prouesses vocales singulières. Interrogé sur un probable héritage de Winston Tong, Karl Biscuit ou David Byrne, l’intéressé reconnait là quelques-uns de ses héros. C’est pour ces raisons que les Novö coincés dans une faille spatio-temporelle et surtout frustrés par le rendez-vous manqué entre David Bowie et Kraftwerk trouveront dans la musique d’Iv/An bien plus qu’une consolation. La pop futuriste enfin personnifiée.

Poptone
"Poptone"

"Poptone"
DATES | Sorti le 18 juin 2018 | Publié le lundi 11 mars 2019
ET ALORS | C'est toujours à Peter Murphy que l'on pense lorsqu'on évoque Bauhaus, pourtant Daniel Ash a été un acteur majeur de l'histoire du groupe. Lorsqu'ils se séparent en 1983, le premier lance Dalis Car avec Mick Karn de Japan, tandis que le second reprend avec Kevin Haskins le projet Tones of Tail qu'il avait démarré un an auparavant. Trois EP, un album, une poignée de singles ( "Lions", "Go!", "Christian Says", "Performance"), des compositions étonnantes dans leur réalisation, synthétiques, fines, pop, extrêmement bien ciselées. Fin 1984, le projet s'arrête et, rejoints par David J., Haskins et Ash forment Love & Rockets qui publiera sept albums jusqu'en 1998. En 2018, les trois ex-Bauhaus réenregistent live en studio, soutenus à la basse par Diva Dompé, la fille de Kevin Haskins, 12 de leurs titres, rappelant ainsi que leurs productions visionnaires nées il y a 35 ans n'ont pas pris une ride.

Evi Vine
"BLACK / / LIGHT / / WHITE / / DARK"

"BLACK / / LIGHT / / WHITE / / DARK"
DATES | Sorti le 22 février 2019 | Publié le lundi 4 mars 2019
ET ALORS | Le set d’Evi Vine en ouverture de Brendan Perry au Petit Bain nous avait fasciné. Le troisième album de la Londonienne sort quelques semaines seulement après sa prestation, et c’est avec plaisir que nous retrouvons cette voix douce et fragile, toujours à la merci des guitares impitoyables fournies par Peter Yates (Fields of the Nephilim), et flottant avec aisance sur des traitements impressionnants de noirceur. On y retrouve des sonorités proches des premiers disques de Sigur Rós, et une rythmique totalement absente du live, sur laquelle Simon Gallup (The Cure) a prêté son jeu de basse. Les ambiances sont sous tension, de sorte que celle qui fût la chanteuse sur trois titres du premier album de The Eden House apporte seule les rayons de lumière dans cet univers lugubre et angoissant, comme l’annonce très clairement le titre de l’album avec son effet de miroir déformant.

FTR
"Manners"

"Manners"
DATES | Sorti le 15 février 2019 | Publié le jeudi 28 février 2019
ET ALORS | Le made in France se porte merveilleusement bien. Pour preuve, la liste des jeunes formations basées dans notre pays capables de sortir des productions impeccables s'allonge un peu plus chaque mois (Divine Shade, Hante.), certains allant jusqu'à signer pour la diffusion hors de nos frontières. Les Parisiens FTR (ex-Future) rassemblent dans leurs compositions passion, énergie, talent et de belles références bien assimilées. C'est au meilleur de The Jesus and Mary Chain façon DIY ou à A Place to Bury Strangers que l'on pense dès les premières mesures de "Manners", avec cependant un grain personnel, une sorte de mur du son construit autour d’une boîte à rythmes infatigable, une basse énorme qui ne s’arrête jamais et des guitares qui hurlent. La voix se veut rassurante dans cette masse cold-pop-rock-noisy sans concession qui trace en ligne droite son propre chemin quitte à pulvériser tous les obstacles.

Fawns of Love
"Permanent"

"Permanent"
DATES | Sorti le 18 janvier 2019 | Publié le jeudi 21 février 2019
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | Une certaine vision des premières heures de Factory hantée par quelques fantômes shoegaze, voilà ce qui habite le deuxième album des Californiens de Fawns of Love. Les sonorités électroniques, synthétiques et rythmiques rappellent, dans le désordre, celles d'A Certain Ratio, Section 25, A.R. Kane, ou New Order, tandis que les guitares et leur réverb renvoient à Cure ("Horoscope"), New Order ("Permanent", "Mournful Eyes) ou Slowdive. Le chant n'est pas en reste lorsqu'il s'agit d'y voir des influences, la voix féminine, à la fois mélodique et atone, flotte dans un espace parallèle entre celles de Cocteau Twins et Blonde Redhead. Un assemblage de repères de très bon goût, qui offre un environnement très confortable et permet au disque de réussir l'improbable, offrir un résultat digeste, tant ce mélange d'influences est bien maîtrisé, rendant paradoxalement le résultat plutôt original.

Lorelle Meets the Obsolete
"De Facto"

"De Facto"
DATES | Sorti le 11 janvier 2019 | Publié le jeudi 14 février 2019
ET ALORS | Estampillé psyché shoegaze, le "De Facto" de Lorelle Meets the Obsolete est avant tout une étrangeté, particulièrement bien construite et surtout savamment variée, puisant d’une façon brillante dans des sonorités qu'on imaginait a priori plus familières au Royaume-Uni qu’au Mexique dont est originaire le groupe. Si des brumes shoegaze planent bien sur certains morceaux, l’ambiance est parfois franchement no wave ("Ana"), empreinte de l’ombre de Cure (les guitares de "Líneas En Hojas" ou la batterie d’"Acción – Vaciar"), la voix hypnotique peut rappeller celle de Julie Cruise et les 9 minutes de "Unificado" renvoient quant à elles à un post rock noise halluciné… Autant de repères qui sèment le trouble au lieu de nous rassurer mais qui font tout l'intérêt de ces compositions. Intrigantes, elles sortent des sentiers battus et donnent au groupe une personnalité hors-normes.

Endless Dive
"Falltime"

"Falltime"
DATES | Sorti le 18 janvier 2019 | Publié le jeudi 7 février 2019
ET ALORS | Jeune groupe belge qui n'avait jusqu’à présent qu'un seul EP à son actif, publié à la fin de l'année 2016, Endless Dive sort enfin son premier album, et livre un disque de post-rock expérimental des plus subtiles. Avec de multiples changements d’ambiances et de rythmes au sein même de chaque morceau, le quatuor ajoute des nappes de synthés qui apportent une composante rêveuse à ce type de musique d’ordinaire plutôt tellurique, et qui, tout à coup, semble faite pour contempler les étoiles ("Wading Pool", "Low Tide"). Mais ce post-rock instrumental là sait aussi se faire rapide, et "Falltime" est un modèle de maîtrise et d’inventivité qui propose une méthode de composition extrêmement riche. Il ne faudra sous aucun prétexte manquer les prestations du groupe lors de sa tournée dans toute la France au mois de mars.
CONNEXE | Post-Rock

Warsaw
"Wires"

"Wires"
DATES | Sorti le 2 février 2018 | Publié le mercredi 6 février 2019
ET ALORS | Avant tout il y a un nom. Pas n’importe lequel. Puis une pochette. Ensuite, les choses sérieuses peuvent démarrer : des synthés, une guitare délicate, une basse (qui rendrait jalouse Patricia Morrisson), une voix masculine, puis féminine, de belles mélodies. Tout est réuni d’une façon trop évidente pour que l’on se laisse piéger, mais le groupe est malin, les morceaux s’enchaînent intelligemment, les voix s’imbriquent, dévoilant une new wave aux embruns gothiques, incroyablement soignée, presque précieuse : on ne peut que tomber sous le charme de ces 6 titres dont l’étonnante reprise de "Cold" de The Cure. Quant au nom, il suffit de leur demander, les quatre Californiens l’ont choisi la nuit de l’élection de Trump, rêvant de résistance et évoquant l’insurrection de Varsovie. Le groupe est né ce soir-là. Avec ce nom, ce Warsaw que Joy Division avait décidé de ne pas être.

Yasuaki Shimizu
"Dementos"

"Dementos"
DATES | Réédité le 16 janvier 2019 | Publié le mercredi 30 janvier 2019
POURQUOI | Orchestration sophistiquée | Remasterisation | Inventions sonores et textuelles | Pochette
ET ALORS | Les adeptes de japonisme connaissent déjà Yasuaki Shimizu par le biais de ses compositions électroniques dans le domaine publicitaire. D’autres l’ont sans doute découvert en tant que saxophoniste expérimental. Voici la réédition de "Dementos" (1988) qui nous éclaire un peu plus sur la facette pseudo accessible de l’artiste. Il se révèle ici en véritable crooner qui malaxe des sonorités techno funk new-yorkaises avec des percussions indiennes, triturant des phrasés mandingues avec des inventions de langages dans un creuset de world music précieuse telle que la pratiquait Ryuichi Sakamoto avec son ensemble Neo Geo. Élégantes, exotiques et raffinées, ses pop songs se savourent sans modération aux côtés d’autres miniatures de David Byrne, David Sylvian ou Masami Tsuchiya dont le timbre de voix se rapproche beaucoup.

FILTRES | s